Chez des athlètes d'endurance, une baisse de 21% du niveau d'arginine est observée après un parcours intense (1). Chez des sportifs de force, une séance de musculation de 90 minutes diminue la concentration d'arginine de 15 % (2). Chez les mêmes sujets, cinq semaines d'entraînement intense en force induisent une réduction de 19 % du niveau d'arginine (3).
L'une des raisons pour lesquelles l'effort consomme de l'arginine, c'est parce qu'il force le corps à produire plus de NO (voir plus bas), ce qui gaspille mécaniquement de l'arginine et oblige le corps à puiser dans ses faibles réserves (4-5). D'autre part, une activité physique augmente l'activité d'une enzyme, l'arginase, qui possède plusieurs actions anti-arginine et anti-NO (6).
L'arginase est chargée de détruire l'arginine, ce qui empêche l'arrivée de l'arginine que nous absorbons (sous forme d'aliments ou de suppléments) dans le sang. Elle bloque également la transformation de l'arginine en NO du fait de sa présence vasculaire. Ce faisant, la production de monoxyde d'azote est affaiblie par manque de matière première. La combinaison de ces phénomènes négatifs explique pourquoi le surentraînement est associé à une baisse du niveau d'arginine dans le sang. En retour, un épuisement de la production de NO est mesuré chez les sportifs en période d'entraînement intense (7).
C'est pour cela que lorsque le surentraînement s'installe, on congestionne de moins en moins bien.
Même en cas de déficit d'arginine du fait d'un apport trop faible, le corps est incapable d'accélérer sa propre vitesse de synthèse afin de compenser des besoins grandissants. La whey apporte peu d'arginine. La caséine est un peu plus riche en arginine, mais guère plus. L'arginine n'est pas très présente non plus dans l'alimentation. Une supplémentation spécifique est donc recommandée aux sportifs (8).
Mécanismes d’action de l’arginine
L'action positive de l'arginine a longtemps été attribuée à sa seule capacité d'accroître la sécrétion d'hormone de croissance (GH), une hormone qui favorise la prise de muscle et la perte de graisse (9).
La sécrétion d'hormone de croissance est régulée par deux hormones : la GH-RH (pour GH-Releasing hormone) qui stimule la sécrétion de GH, et la somatostatine qui inhibe la sécrétion de GH. L'arginine abaisse le niveau de somatostatine, ce qui permet d'accroître la sécrétion de GH (10). Aujourd'hui, trois autres mécanismes s'ajoutent à l’augmentation du niveau de GH pour expliquer les bénéfices de la supplémentation en arginine chez le sportif :
- L’augmentation du niveau de monoxyde d'azote (NO) ;
- L’accroissement de synthèse de créatine ;
- L’élimination de déchets métaboliques vecteurs de fatigue.
Augmentation de la synthèse de monoxyde d’azote (NO)
Le monoxyde d'azote est un gaz désigné par l'acronyme NO pour Nitric Oxide en anglais. Ce n’est pas une hormone, mais un gaz qui se comporte sur de nombreux plans comme une hormone. Le NO est fabriqué et détruit localement en quelques secondes par les cellules qui ont besoin de lui. L'appellation scientifique de cette famille de molécule est gazo-transmetteur.
Le NO favorise l'anabolisme musculaire aussi bien par une action directe sur les cellules musculaires qu'une action indirecte, en favorisant la prolifération des cellules satellites (cellules souches des nouvelles fibres musculaires) (11-12-13-14-15-16-17-18-19). En tant que précurseur direct du monoxyde d'azote, l'arginine est le principal booster naturel de la sécrétion de NO. La supplémentation en arginine permet d'optimiser l'anabolisme sans passer par la testostérone, une hormone dont les niveaux sont difficiles à élever. Au contraire, la fabrication de NO est relativement facile à augmenter. Il a été démontré depuis fort longtemps que la prise orale de L-arginine provoque une élévation de la production cellulaire de NO (20).
L'action la plus connue du NO consiste à relaxer les muscles lisses qui enserrent les artères et les vaisseaux sanguins. Cette relaxation facilite la circulation au niveau des muscles, ce qui génère leur oxygénation et leur congestion. C'est par ce même mécanisme que le NO favorise l'érection masculine ainsi que féminine (au niveau du clitoris). La carnitine peut être couplée avec l'arginine afin de produire encore plus de NO pour mieux oxygéner et irriguer les muscles (21).
Accroissement de la synthèse de créatine
En tant que précurseur de la créatine, l'arginine va augmenter les capacités de synthèse naturelle de créatine, ce qui va accroître la force, la masse musculaire et la récupération. Afin d'optimiser l'augmentation de créatine musculaire, il est recommandé de coupler l'arginine avec de la glycine, qui est le second précurseur naturel de créatine. En utilisant la L-Arginine base + la glycine, il est possible de tirer tous les avantages de la créatine sans pour autant avoir à prendre directement de la créatine (22-23). Par contre, du fait de ce même mécanisme de précurseurs, les besoins en arginine des sportifs sont d'autant plus importants que vous n'utilisez pas de créatine (24).
Recyclage des déchets métaboliques
L'arginine agit également comme antifatigue en accélérant l'évacuation de déchets métaboliques, comme l'ammoniac, produits en surabondance lors d'un effort (8-25-26). Une fois dans le sang, l'ammoniac peut facilement entrer dans le cerveau, où il exacerbe le sentiment d’épuisement. C'est lors de l'utilisation de l'ATP comme énergie que le catabolisme de cette molécule engendre la production d'ammoniac. Au contraire, l'arginine recycle les déchets métaboliques pour qu'ils synthétisent de l'ATP au lieu de former de l’ammoniac. L'arginine divise par deux la hausse d'ammoniac lors d'un effort. C'est ainsi que la prise d'arginine se traduit par une augmentation de l'endurance ainsi que la force-endurance (27-28-29-30).